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Ma petite fille a du chagrin et je suis désemparé

Tout allait pour le mieux. Sam s'était installée dans son joli studio situé en plein centre ville à 10 mn à pied de son école. Comme tous les jeunes couples, elle et son amoureux avaient choisi chez IKEA ( ils vont tous là !) les meubles et le super canapé qui devaient accueillir leurs ébats, Le bizutage, pardon, le week-end d'intégration s'était passé sans débordements excessifs, les premiers cours s'annonçaient interessants, les activités proposées par le bureau des élèves passionnantes et donnaient envie de s'y investir...
Mais voici que l'amoureux l'a plantée là du jour au lendemain lui préférant une autre. Je pense que, tel le marié qui au jour J ne se présente pas à la mairie, ce garçon a eu peur de s'engager dans une nouvelle vie, une nouvelle ville, un nouveau job, de nouveaux amis, qu'il a pris conscience de la distance culturelle qui le séparait de sa trop belle dulcinée. Bref qu'il n'était pas assez amoureux pour lui emboiter le pas.
Bien sûr j'ai dit tous les lieux communs qu'on dit dans ces cas-là : qu'il ne la méritait pas, qu'elle en trouverait d'autres avec qui elle aurait d'autres belles histoires, que tous nous avions traversé cette épreuve et qu'elle nous avait fait grandir, que ce garçon lui aurait rogné les ailes, que, que et que... Mais rien y a fait... C'était prévisible : "nos idios kosmos ne sont pas superposables" comme disait mon prof de philo, ni même transmissibles ! Ma petite fille me téléphone et pleure comme une Madeleine... Et moi j'ai le coeur transpercé, je n'en dors plus !
Je suis inquiet. Elle ne va plus aux cours, il faut la secouer pour qu'elle se lève, elle rumine son chagrin ou bien s'étourdit dans des soirées open bar. D'accord, je lui ai conseillé de ne pas rester seule et de sortir mais là j'ai peur qu'elle fasse... un peu fort !!!
Depuis quelques temps elle s'engage dans de multiples projets d'animation de son école. C'est certainement un dérivatif constructif et formateur mais prend-elle assez au sérieux ses cours. C'est vrai que j'ai du mal à comprendre ce qu'elle est censée y apprendre et comment !...

D'autant que, depuis que ses larmes on séché, je n'ai plus de nouvelles. Pas même pour le jour de l'an ou son séjour à la neige avec son école !
Alors, à mon tour, je cogite, je rumine et suis désemparé.
En ai-je trop fait ?