Pour cette Pentecôte 2001 le temps radieux nous invite à la promenade.
" Et si on allait à Ouessant demain ? "
Un petit tour sur internet pour connaître les lieux et horaires d'embarquement : en partant à 7 heures nous serons sans problème au Conquet pour 9 H 45.
Cela s'appelle croire au Père Noël : évidemment 200 000 personnes ont eu la même idée que nous ! Le parking est plein, il faut garer la voiture à dache et même à BZH, puis courrir à l'embarcadère. Les bateaux de la Compagnie PENN AR BED sont complets, il faut espérer d'éventuels désistements pour le bateau de 11 H 30. C'est alors qu'Annick, poussée par une furieuse envie de pipi, part à la recherchr d'hypothétiques toilettes. Ses pas la conduisent dans les locaux de la petite compagnie concurrente FINIST-MER. Elle s'enquiert - Oui, il y a des places et le bateau part tout de suite, mais il nous faudra faire escale à Molène. Chic ! On a même droit à du rab de croisière !

Certes nous voyageons debout sur le pont supérieur et mieux vaut avoir le pied marin, particulièrement en traversant le Fromveur avec vent contre courant. Autour de nous certains estomacs fragiles en font les frais. Quel endroit fantastique ! Un jusant de 7 noeuds toubillonne entre des écueils innombrables que traversent des passes larges de quelques mètres, hérissées de balises à en perdre le Nord. Je ne suis pas près de traîner ma quille dans ces parages ! Seule ombre au tableau : une horrible blonde qui s'esclaffe et se plait à se laisser projeter sur les passagers en riant comme une folle. Insupportable !


Nous débarquons au Stiff. La navette nous dépose au bourg de Lampaul. Nous nous précipitons à l'Office du Tourisme pour essayer de trouver une chambre. Une charmante hôtesse fait fumer son téléphone, en vain. Tout est plein. Seule une chambre avec un lit pour une personne est disponible à l'Hotel du Fromveur ( qui se révèlera être une adresse sympathique ), nous nous en contenterons, cela nous rappellera notre jeunesse.
Nous nous installons pour déjeuner sous la véranda de la brasserie Roc'h ar Mor. La vue est splendide mais notre plaisir s'arrête là. Nous payons une fortune une maigre "salade ouessantine" où quelques coquilles de moules vides sur un lit de pommes de terre rassies disputent à une anémique portion d'araignée une pâle vinaigrette crêmée. C'est plutôt Roc'h ar Nac'h que devrait se nommer cette gargotte !

La panse légère donc, nous louons des vélos à un sympathique ancien gardien de phare de Ouessant que nous interviewons longuement. Après quelques mètres le pédalier d'Annick se révèle défectueux, demi tour, échange. Enfin nous nous dirigeons vers Créac'h et Annick découvre les charmes de la technologie VTT.

Notre première visite est pour le Musée des Phares et Balises et ses optiques belles comme des sculptures de glace érigées en hommage au courage surhumain de ces bâtisseurs de l'impossible. Puis nous entamons le tour systématique de l'île mais le fragile engin que je chevauche ne résiste pas à mes trop puissants assauts : la chaîne casse.
Cet arrêt impromptu
Se trouva bienvenu
Tant j'avais mal au c...

Nous téléphonons au loueur qui procède au remplacement de ma bécane.

Nous reprenons notre découverte de ces paysages échevelés. La côte escarpée est débordée d'îlots et d'aiguilles qui découpent sur le bleu et l'émeraude leurs tragiques silhouettes.
Le soir, de retour à Lampaul nous flanons sur le petit port niché au fond de la baie et observons la leçon qu'une mère cane donne à ses poussins.
Le dîner fut fort agréable : Terrine de berniques et gigot de mouton local (qui vivent ici en liberté dans la lande, et sont identifiables grace à des entailles pratiquées dans leurs oreilles) accompagné d'une délicieuse garniture de légumes frais. La nuit fut réparatrice bien que l'un d'entre nous (devinez qui ?) ait dormi par terre, une épaisse couverture piquée tenant lieu de matelas.

Le lendemain nos premiers coups de pédales nous menaient vers Niou-Huella, un magnifique hameau transformé en écomusée. Hélas il est trop tôt et nous devons nous contenter des extérieurs et de deviner un curieux mobilier peint en bleu et blanc (les couleurs de l'île) réalisé à partir de bois d'épaves, seul bois autrefois disponible sur l'île.
Un peu plus tard, alors que nous contemplons le panorama depuis la pointe de Cadoran nous sommes témoin d'une triste mésaventure. Un voilier d'environ huit mètres croise sous spi. Nous pensons qu'il doit être pratique de l'endroit pour serrer la pointe de si près. Soudain il part au lof et passe sur sa barre, je distingue un débris blanc sur son arrière. Pas de doute il a touché et cassé son safran. Deux bateaux à moteur lui portent aussitôt assistance. J'espére qu'il n'y aura pas eu d'avaries plus graves. Ici plus qu'ailleurs "Pour vivre vieux marin arrondis les pointes et salue les grains".
Perclus de crampes, à bout de souffle, nous achevons subjugués le tour de l'île dont la beauté jamais ne se dément. Ses dimensions et son relief modestes laissent toujours le regard s'échapper jusqu'à l'horizon marin pour nous aider à prendre conscience de notre insularité d'un jour


Pour en savoir plus : http://ouessant.homepageclub.org/

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