VAL CENIS 2003



Retour

Depuis plus de deux mois, j'en rêvais : offrir à mes petits enfants, avant les restrictions budgétaires prévisibles - retraite oblige - un séjour à la neige. Pour Sam se sera la réédition d'un rêve, pour Matthieu l'occasion de vaincre sa peur de l'inconnu et pour moi l'opportunité de partager avec eux quelques instants de tendresse et de découverte.

Je m'étais longuement préparé à accueillir ma descendance, me sermonnant souvent : << Tu supporteras les caprices, les accès d'humeur, les crises d'égo, et l'inconsistance des modéles sociaux avec sérénité ! >>
Et la voici, ma descendance, l'une affligée d'une fièvre de cheval l'autre d'une otite, menée par une mère qui visiblement n'est pas plus fiérote que çà, toute toubib qu'elle soit !
Pour Matthieu, le train est une première mais il est fatigué et peut-être souhaite-t-il échapper à son angoisse en se réfugiant dans le sommeil. Bref, avant même le départ, il dort à poings fermés sur sa couchette. Quant à Sam, il lui semble que le compartiment a rétréci depuis l'année derniére, c'est donc qu'elle a bien grandi !
Le train démarre, ma fille s'éloigne un rien recroquevillée d'inquiétude, je lui adresse un petit signe de la main qui se voudrait rassurant.
Lyon Part Dieu ! Nous voici transis de fatigue, serrés les uns contre les autres sur un énorme tas de bagages. Pour passer le temps, Sam et moi, nous parcourons de long en large l'immensité glaciale du hall de gare. Soudain un haut-parleur nasille :<< Suite à l'encombrement de la voie par un objet, le train 147 pour Modane sera accessible à partir de la gare de Lyon Perrache. Une navette est mise à votre disposition quai C.>> Nous nous traînons avec nos bagages vers le quai C. La première navette est prise d'assaut, il nous faudra attendre la deuxième.

Avec près d'une heure de retard nous accédons enfin à notre compartiment qu'une femme en pleurs prétend occuper seule sous prétexte qu'elle est enceinte et très énervée. Il faudra l'intervention énergique du contrôleur pour lui faire entendre raison.
Modane, enfin ! le car nous emporte vers cette vallée de Haute Maurienne que nous attendons comme la terre promise !
Annick descend à Lanslebourg pour prendre les clefs et les draps à l'agence tandis que nous poursuivons vers Lanslevillard. Un dernier effort (violent !) pour hisser nos bagages jusqu'à l'appartement
et nous y sommes !
Sitôt arrivée, Sam se penche au balcon et parcourt le paysage d'un regard emprunt de nostalgie, les souvenirs lui reviennent en foule et sont autant de promesses pour les jours à venir. Nous redescendons pour aller acheter les forfaits et les cours - il ne faut pas traîner si nous voulons obtenir des cours le matin - d'ailleurs, c'est déjà la queue. Puis nous nous installons à la terrasse du café 'LA POUDREUSE" désormais notre annexe, pour un premier repas de hamburgers pantagruéliques et de frites dont les enfant ne viendront pas à bout. Nous optons ensuite pour une sieste indispensable. Matthieu rêve éveillé d'un train lancé à toute vitesse qui habiterait son matelas. Il faut toute la douceur et la persuasion de sa soeur pour lui faire reprendre pied dans la réalité. Tandis que les enfants dorment nous vidons les valises et je m'occupe d'aller quérir les articles de première nécéssité et de quoi préparer le repas du soir et les petits déjeuners.
Enfin nous nous rendons chez le loueur de skis où Matthieu découvre avec étonnement et appréhension le barda du skieur. Cela n'est pas fait pous apaiser ses angoisses et j'ai beau lui assurer que jamais on exigera de lui quelque chose qui serait au-delà de ses possibilités, lui faire observer les bébés-skieurs qui jouent autour de nous, il ne cesse de nous rappeler que sa maman lui a promis que si rien ne lui convenait elle reviendrait le chercher. Il fait tant et si bien qu'Annick suggére de tout arrêter là et de ne même pas tenter l'expérience du premier cours ! Mais je tiens bon et n'accepte de ne surseoir à cette épreuve que si le thermomètre le commandait. Tout le monde va au lit de bonne heure après une partie de monopoly écourtée et le lendemain le thermomètre-juge-de-paix affiche un tranquille 37° pour tous. Allez, en piste !
Après avoir non sans mal harnaché les enfants nous les accompagnons au lieu de rassemblement de l'école de ski. Un quart d'heure plus tard les groupes sont constitués. J'observe Matthieu qui semble d'emblée à l'aise sur ses skis, il trouve de bons appuis et met à profit ses acquis de patineur. Les enfants s'éloignent et je suis rassuré de voir le moniteur du cours 'flocon" dérouler un tapis de plastique. Allons Matthieu sera bien materné !
Annick et moi, nous rentrons pour faire le ménage et quelques courses puis je chausse mes skis et emprunte le petit télésiège qui se trouve juste en bas de "chez nous" je ressens une légère douleur du côté du rein droit qui ne cesse d'empirer. Mais il est temps d'aller retrouver les petits pour la fin des cours. Tout le monde est ravi même Matthieu... à notre grand soulagement
Nous allons fêter cela à la terrasse du café. Très vite la douleur est devenue insupportable et je m'éclipse pour ne pas inquiéter les enfants. De retour à l'appartement nous devons nous rendre à l'évidence il s'agit d'une crise de colliques néphrétiques ce que confirme le médecin. Les piqures se révélant inefficaces je dois être hospitalisé. Une demi heure plus tard, une ambulance m'emporte vers l'hôpital de Saint Jean de Maurienne, laissant Annick désemparée. Après un transfert qui m'a paru durer une éternité, me voici aux urgences. La morphine que l'on m'injecte est un vrai soulagement. Le lendemain matin je n'ai presque plus mal et un contact téléphonique avec Annick m'apprend que Matthieu a toussé toute la nuit et que par sécurité, elle l'a montré au médecin. Celui-ci l'a rassurée mais Matthieu a manqué son cours de ski. Je suggére d'offrir aux enfants des cours particuliers pour l'après-midi afin de ne pas entamer le capital-confiance de l'un et de remplacer le grand-père auprès de l'autre : Cela a permis à Matthieu de vaincre sa peur du télésiège tandis que Sam s'envolait visiter le haut de la station avec son si beau moniteur. C'était génial, parait-il... Qu'est-ce qu'il avait de plus que moi, ce bellâtre ? En fin d'après-midi Samantha encadre gentiment son frère pour le faire encore progresser.
Je tente en vain de convaincre le médecin de me laisser sortir. Mais celui-ci n'accepte de prendre ce risque qu'après que l'échographie l'aura assuré qu'aucun calcul important ne risquait de causer une rechute... Hélas le service des échographies est surchargé et je devrai attendre le lendemain midi pour prendre la poudre d'escampette.
Mon retour est célébré par un copieux apéro sur le balcon. et l'après-midi même, je prends mon courage à deux mains, pour malgré des jambes flageolantes, consacrer une heure à faire skier Matthieu dont les progrès sont fulgurants puis deux heures à Samantha qui en revient sur les genoux mais des flocons sur les dents ! Pour corser le tout nous sommes allés acheter des luges (3 Euros pièce, comme l'avait noté Matthieu !) mais nous n'aurons l'occasion de les utiliser que le lendemain (cruel !). Tandis que je prépare une tartiflette qui laissera des traces dans les mémoires, Mamie et ses petits enfants disputent une partie de Monopoly acharnée dont elle sortira ruinée.
Le lendemain sera marqué par une grande première pour Mat : il a enfin emprunté les oeufs avec son moniteur et l'après-midi nous repoussions un peu plus loin la découverte de la station montant avec Sam jusquà 2290 m en haut du télésiège des Arcelins II.

Puis les enfants expérimentent la luge au grand effroi de Mamy. Il en reviennent frigorifiés mais enthousiastes. Nous nous réconfortons qui d'un chocolat, qui d'un vin chaud que Sam nous aurait bien subtilisé mais elle se contentera de sucer le bâton de cannelle.
Le soir repas de lasagnes, le plat préféré de Matthieu et au lit. A huit heures trente, tout le monde ronflait, grand-parents et petits enfants.
Aujourd'hui nous avons projeté, pour l'après midi, une grande ballade à trois. Sam laisse entendre qu'elle risque de s'ennuyer sur des pistes compatibles avec le niveau de Matthieu. Je trouve qu'elle "se la pète un peu" et le lui fait remarquer.
Nous prenons. donc les oeufs et Matthieu se débrouille si bien que nous avons le temps de faire une deuxième remontée puis de prendre encore un ou deux télésièges. Le temps défile si vite et si agréablement que nous avons failli manquer le car de 16 h 30 qui doit nous conduire à Bonneval sur Arc. Nous tenons beaucoup à montrer aux enfants ce village qui est l'un des plus beaux de France. Nous voulons leur offrir le souvenir d'un authentique village de montagne enfoui sous la neige. Peut-être n'ont-ils pas su faire la différence entre cicatrices du passé et délabrement , mode de vie différent et arriération (je leur ai fait observer des pavés de bouses séchées destinées au chauffage) mais j'espère qu'ils n'auront pas été insensibles à la noblesse de la pierre, à la patine des bardages, aux tendres arrondis de la neige sur les toitures de lauze, épais comme des édredons. Nous avons visité le petit écomusée local qui a su les intéresser, particulièrement l'étage consacré à l'évolution des sports de glisse.

De retour à Lans le Villard nous nous mettons en quête d'un restaurant mais tous sont complets ou à des tarifs prohibitifs. Nous échouerons dans une boulangerie ou nous ferons provision de quiches et de tartes avant de nous rendre sur le front de neige où les Villardins nous offrent un spectacle son et lumière appelé "Le songe d'une nuit d'hiver" qui relate l'histoire du village et de la station. Nous sommes tous très impressionnés par des sauts à skis phénoménaux. La fête s'achève par une descente aux flambeaux des moniteurs.

Aujourd'hui est un grand jour, les cours du matin débuteront par le passage des étoiles.Autant Mat est serein autant Sam est tendue. Elle se situe, du point de vue de ses compétences à ski, dans la petite moyenne d'un groupe d'un bon niveau, aux dires de son moniteur, mais rien n'est acquis. Il y a encore du mou dans le planté de bâton ! Le moniteur leur demande : << Qui a oublié d'apporter son stylo et son crayon pour le contrôle ? >> La moitié des élèves, dont Sam, lèvent le doigt, penauds et inquiets. Mais le moniteur s'adresse aux autres : << Vous croyez vraiment tout ce que je vous dis, on n'a pas besoin de crayon pour faire du ski !>> Les épreuves de la deuxième étoile se déroulent sous nos yeux. Le virage-dérapage et le pas tournant sont satisfaisants mais le slalom, techniquement correct, est trop lent, trop prudent. A midi c'est l'explosion de joie, << on l'a !>>

Photo du moniteur, de la copine, échange d'adresses puis validation des diplômes et achat des étoiles et du flocon suivi d'une séances de poses pour inscrire l'évènement dans l'éternité La joie des petits nous est une grande récompense. Sam reste de longues secondes en contemplation devant son trophée puis s'exclame :<< Maintenant je suis au même niveau que Gabin ! >> ou bien << Tant d'efforts pour une si petite étoile !>>

Quant à Matthieu, qui a obtenu son flocon sans problème, il est paré pour la première étoile et le droit d'utiliser des bâtons. Il ressent beaucoup de fierté quand je lui dis que le plus grand plaisir qu'il nous ait fait au cours de la semaine était d'avoir vaincu sa peur.
Que le pastis, la mondeuse et le jus d'orange coulent à flot pour arroser toutes ces médailles avant d'aller vérifier cet après-midi sur les pistes si elles sont bien méritées.

 

Nous empruntons donc les oeufs puis le télésiège à six places pour atteindre le sommet de la station qui offre d'immenses paysages où l'absence de végétation permet d'ouvrir de larges "boulevards". La neige y est bien meilleure et nous dévalons les pentes à toute allure. Quelques sections plus pentues permettent à Mat d'utiliser, non sans quelques frayeurs, ce qu'il sait du dérapage.

Pour terminer en beauté cette glorieuse journée nous allons au restaurant. Nous avons pris cette fois la précaution de réserver. De souriantes serveuses britanniques nous servent une raclette géante et chacun s'évertue à leur parler anglais. Et ça maaaaarche ! Nous nous offrons mutuellement des petits cadeaux : T-shirt moulant très mode made in Lanslevillard pour Sam ; pour Mat, un Rack-track "de collection", engin pour lequel il nourrit une violente passion ; petits souvenirs pour tous. Chaleur, tendresse, tous les petits mots pas trop doux de la semaine sont oubliés.
Notre séjour s'achève et nous sommes bien décidés à en profiter jusqu'au bout. L'appartement devant être libéré à 10 heures le ménage et les valises bouclées en un tour de main puis entreposées au café en bas de "chez nous". Malgré les réticences d'Annick j'achète une journée supplémentaire de forfait pour Matthieu et même un "accès piéton aux télécabines" pour elle. Nous en profiterons largement, prenant un dernier pot dans un restaurant d'altitude où Sam fait la douloureuse expérience du "Quart Ricqlès". Ayant repéré quelques bosses qui permettent facilement de décoller, nous prenons quelques photos-souvenir puis il est temps de rendre les skis, la mort dans l'âme. Encore quelques descentes en luge et nous nous changeons dans les toilettes du café. Cette fois, c'est vraiment fini. En attendant le car qui doit nous redescendre vers l'horreur de Modane je demande aux enfants :
- Alors, vous ne vous êtes pas ennuyés, rien ne vous a manqué ? >>
- Non, rien !
- Même pas la télé ?
- On ne s'est même pas aperçu qu'il n'y en avait pas ! s'exclament-ils avec stupeur.

Le voyage se déroule sans incidents si ce n'est 40 minutes de retard à la correspondance de Lyon.
Nantes enfin, Gwénola retrouve ses petits dans un bien meilleur état que celui dans lequel elle nous les avait confiés et, nous l'espérons, un peu plus "grands" !

FLORILEGE DE PHOTOS D'INTERIEUR

L'apéro, l'heure des bilans et du saucisson.
Grand-père est revenu, vive le chahut.

Sam tient son journal.
Des lits au carré, comme à l'armée.
Maman l'a dit : se laver les dents


... et ne pas oublier la crème
 

Pour entretenir la bonne humeur...
...rien ne vaut une Mamy.
Haut de page