Retour


Septembre 2017

Croisière sur le canal du Nivernais

170 Km

84 écluses



L'équipage

Monique, Bernard, Annick, Alain : moyenne d'âge 73 ans et tous les maux qui vont avec, certains plus gâtés, voire gâteux, que d'autres.

Les sujets d'affliction ne manquent pas : le sang et les artères pour l'un, le coeur et le dos pour l'autre, les hanches pour une troisième, il n'y a qu'Annick qui s'en sort à peu près bien mais elle nous cache sûrement quelque chose. Heureusement l'humour qui, comme le définit Boris Vian, "est la politesse du désespoir", ne nous manque pas. L'autodérision, les jeux de mots capillotractés, les plaisanteries plus ou moins douteuses, les éclats de rire entretiennent l'espérance.
Humour qui, hormis un nom d'oiseau que le capitaine prie le dédicataire d'excuser, suffit à contenir nos rares sautes d'humeur.

De plus, comme nous avons tous peu ou prou fréquenté des chorales et des mouvements de jeunesse, chaque mot nous est prétexte à chansons reprises en choeur même si très souvent les paroles se diluent dans les méandres d'une mémoire approximative.

La pénichette

Notre pénichette est la même que celle que j'avais expérimentée sur le Lot (voir description en cliquant sur l'image ci-contre)

Elle affiche ses 27 ans de location et ses cicatrices témoignent des nombreuses aventures qu'elle a dû traverser, mais elle est bien adaptée à son équipage de handicapés, particulièrement grâce à son franc-bord modéré. Son carré très lumineux nous permet de profiter des paysages à l'abri des courants d'air si préjudiciables aux vieillards cacochymes.

Deux reproches toutefois : des toilettes si exigües qu'il faut se contortionner pour remonter sa culotte et du jeu dans la barre qui amplifie sa tendance sui generis à préférer les trajectoires zigzagodromiques.

Les voutes et la tranchée de la Collancelle

 
Après  quelques kilomètres et une quinzaine d'écluses franchies nous atteignons, aguerris, l'étang de Baye. Au-delà c'est l'aventure.

Une aventure philosophique


Le bief de partage des eaux du bassin de Loire et du bassin de Seine se parcourt grâce à une sucession de trois tunnels dans lesquels nous entrons à la suite de Whisper une péniche menée par un couple australien.

Le canal est étroit et de temps à autres nous en tengeantons les berges mais les pare-battages ou un léger débordement à la gaffe nous remettent dans le droit chemin.

Entre deux tunnels le canal s'insinue entre deux versants abrupts couverts d'une végétation luxuriante où nous nous imaginons en explorateurs de la forêt amazonienne.
 Feu vert ! Vous qui entrez ici abandonnez tout espoir. Comme les élèves de Platon au sortir de la caverne nous découvrons éblouis la réalité du monde.
Comme d'hab, Bernard dit "Le Sage" ouvre et éclaire notre route ! Et c'est une jungle amazonnienne que nous offre la tranchée de la Collancelle

L'échelle d'écluses de Sardy



Après les voûtes de la Collancelle une nouvelle épreuve nous attend : le franchissement de l'échelle de Sardy soit 16 écluses en 4 kms. Certaines d'entre elles sont ravissantes, particulièrement l'écluse n° 6 peinte en rose où l'on peut admirer les oeuvres du sculpteur Géarard Mazières.

L'échelle de Sardy Une vraie écluse de fille Apéro bien mérité après tant d'aventures

Quelques autres écluses remarquables


Pont canal sur l'Aron - Ecluse de Mingot Ecluse de Meulot, l'une des plus fleuries Ecluse d'Anizy où Mme Vermenot propose les légumes de son potager

Le site de Fleury


Pour nous le plus joli site de notre croisière et nous lui attribuons le coëfficient de romantisme de 96%. Nous y passerons l'après-midi et la soirée.

Une curiosité : le barrage à aiguilles, le dernier de France. Le pont et le déversoir arrondi, lieu de baignade des autochtones. La maison d'écluse où nous dégusterons un boeuf bourguignon servi par une hôtesse quelque peu allumée.

Jolis villages traversés


Bien que le canal serpente le plus souvent en pleine campagne nous avons traversé quelques jolis villages.
En voici quelques-uns ; il y en eut d'autres pour lesquels je n'ai pas de photos. C'est pô juste !

Chatillon en Bazois,  point de départ et d'arrivée de notre croisière.  Clamecy, jolie petite ville connue pour sa collégiale St Martin, son poulet rôti et sa boîte de petits pois réclamés par Bernard.  Bazolles où, pris de folie altruiste, nous sommes allés quérir  à sept heures du matin le pain frais et les petits pains au chocolat qui sont la gourmandise préférée de nos amis.
Chitry lès Mines mérite une mention spéciale. c'est la patrie de Jules Renard mais plus encore le lieu où nous avons dégusté un repas XXL arrosé d'un Irancy de bonne facture pour un prix dérisoire et servi par les très sympatiques propriétaires de "La guinguette du port de Chitry".

 La fille du château, Laure de Nadaillac et son promis Paul de Mestier n'attendaient que nous pour convoler en justes noces. Et quelles noces ! Chapeaux haut de forme, bibis improbables, redingotes, curé tout exprès accouru de Versailles. Je me fais ethnologue pour observer les us et coutumes de cette société que je découvre. C'est comme dans "Point de vue" mais en vrai !
Les flonflons de la fête nous maintiendront éveillés jusqu'à six heures du matin. Merci not' maît' !
Chitry les Mines  Dirol et son pont levant

Annick à la manoeuvre

Saisie par la fièvre éclusière Annick ne put s'empêcher de participer à la manoeuvre des écluses mais elle était impatiente  d'élargir son expérience par la manipulation des ponts basculants.

Conformément aux prévisions du reste de l'équipage elle tripote tous les boutons et met le système en panne. Un voisin compatissant lui vient en aide et débloque le tout.

Les prochains ponts ne lui résisteront pas.

Mouillages forains



C'est un plaisir que de passer la nuit en pleine nature.
On choisit une berge accore dans un cadre bucolique, on plante deux piquets pour s'y amarrer et chacun laisse libre cours à ses phantasmes.

Monique qui préfèrerait la présence de quelques lampadaires se rassure en fermant l'espace entre deux chandeliers à l'aide d'une chaine. Parfait pour éviter les courants d'air.

Bernard en profite pour tenter de résoudre la question qui le mine : les vaches ferment-elles les yeux quand elles dorment.

Rencontres insolites

Jeune éclusier, facteur et joueur de vielle à roue. Distributeur de pain frais et chaud à l'écluse de Sardy Epicerie folklorique à Montceau le Comte tenue par un épicier que Monique trouve chelou !
Brocanteur "Le Bouc qui fume" un capharnaüm poëtique à l'image de tout le village d'Asnois qui se relevait à peine d'une opération de vide-maison. Dans le village de Sardy-les-Epiry Annick et Monique découvrent le travail de collages de Michel PEPY. But ultime de notre voyage : vérifier qu'un soutien-gorge de taille 85 B siérait à Ste Geneviève dont le "T-shirt mouillé" émut la population de Clamecy en 1830.

Nous ne pouvions sortir indemnes d'une telle aventure
et comme l'a dit Monique
"Il était temps de le faire"



Haut de page